Au Burundi, la santé au cœur de la lutte contre les violences basées sur le genre

Au Burundi, la santé au cœur de la lutte contre les violences basées sur le genre

Bujumbura - Salomé* se souvient encore des années de violence domestique qu'elle a subies aux mains de son ex-mari comme d'une période particulièrement sombre de sa vie. « J'ai pensé à me suicider, mais j'avais peur de laisser mes enfants seuls », raconte cette jeune femme de 23 ans, mère de cinq enfants, qui vit dans la province de Kirundo, dans le nord du Burundi.

Son cas n'est certainement pas isolé. Selon une enquête gouvernementale réalisée en 2017, 36 % des femmes Burundaises âgées de 15 à 49 ans avaient subi des violences physiques au moins une fois dans leur vie. Dans 57 % de ces cas, les violences ont été infligées par leur mari ou leur partenaire intime. L'enquête a également montré que 23 % des femmes de la même tranche d'âge avaient subi des violences sexuelles.

Dans ce contexte, les autorités sanitaires burundaises ont cherché à intégrer la prise en charge des violences basées sur le genre dans les services publics de santé sexuelle et reproductive à travers un projet dénommé Twiteho Amagara, qui signifie « occupons-nous de la santé » en kirundi. Ce projet, lancé en 2019, fournit des soins obstétriques néonatals d'urgence et des formations aux structures de santé.

 Avec le soutien de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Ministère burundais de la santé a formé 120 travailleurs de la santé pour qu'ils sachent identifier, traiter et signaler les cas de violence basée sur le genre, ainsi que pour les sensibiliser à la prévention.

« Depuis que j'ai reçu cette formation, je sais comment recevoir, écouter et discuter avec les victimes de ce type de violence en fonction de leur situation individuelle particulière », explique Oscar Adabashiman, infirmier d'urgence dans la province de Kirundo, qui a été formé en 2021. « Une femme violée, il faut d’abord l’écouter et l’accompagner en faisant une protection contre une grossesse non désirée, les infections sexuellement transmissibles, le VIH et les hépatites. Nous administrons aussi le vaccin antitétanique », détaille Oscar. « Puis, une fois le traitement terminé, la prise en charge psychosociale se poursuit parallèlement à la procédure judiciaire. »

Grâce à un financement de l'Union européenne (UE), l'OMS a également fourni aux structures de santé des kits de soins composés d'antirétroviraux et d'autres médicaments contre les infections sexuellement transmissibles ainsi que les grossesses non désirées.

« Dans les cas des violences basées sur le genre, les victimes ne subissent pas seulement des blessures corporelles qui ont un impact négatif sur leur santé physique, mais elles subissent également des préjudices sur le plan psycho-social », explique la Dre Eugénie Niane, Chargée de la santé reproductive, maternelle et néonatale au Bureau de l’OMS au Burundi. « C’est pour cela que la prise en charge intégrée est très importante. »

Vaincre la stigmatisation, en particulier en ce qui concerne la violence sexuelle, est essentiel pour le succès de toute approche de ce type. « Il est très difficile de faire parler les victimes », indique l'infirmier Adabashiman. « Elles se confient très difficilement et sont très réticentes à raconter ce qu’elles ont vécu. Face à ces cas, nous essayons de faire preuve d’empathie à leur égard et de leur montrer que ce qui leur est arrivé n’est pas leur faute. »

Selon le Dr Ananie Ndacayisa, Directeur du Programme nationale de santé de la reproduction (PNSR) du Burundi, les efforts commencent à porter des fruits. « Dans les provinces où le projet Twiteho Amagara a été mis en œuvre, qui regroupent les 120 structures de santé, les cas qui n’étaient pas rapportés auparavant le sont désormais et les victimes de violence basée sur le genre vont beaucoup plus aisément vers les établissements sanitaires pour leur prise en charge », affirme-t-il.

Oscar Adabashiman est également optimiste. « Les choses changent progressivement et nous en sommes heureux », dit-il. « C'est de bon augure pour l’épanouissement des femmes et des filles dans notre pays. »

Dans le cas de Salomé, après un énième passage à tabac par son conjoint, elle a décidé de demander de l'aide au centre de santé de sa localité, où elle a reçu des soins médicaux et psychosociaux, qu'elle a continué à recevoir après l'aide d'urgence. « J'ai été bien accueillie et j’ai pu me faire traiter gratuitement. J'ai bénéficié des conseils des médecins, qui m'ont aidée à sortir de mon traumatisme », ajoute-t-elle. « Je me suis rétablie petit à petit. »

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Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Abd Razzack SAIZONOU
Communication Officer 
OMS Burundi
Email: saizonoua [at] who.int (saizonoua[at]who[dot]int) 
 
Kayi Lawson

Chargée de communication 
Bureau régional pour l'Afrique
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